La règle est simple : si vous avez bu, ne prenez pas le volant. Et ne vous fiez pas aux recettes de grand-mère : café, eau salée, cuillère d’huile, danse effrénée… Seul le temps fera retomber votre alcoolémie à un niveau acceptable. Si la montée du taux peut varier en fonction de l’âge, du sexe et du gabarit d’un individu, la chute est quasi la même pour tous : il faut une petite heure pour que le foie traite et que l’organisme évacue 0,1 g/l. Ainsi, une nuit de sommeil ne suffit parfois pas. Si à 1h du matin, vous titrez 2 g/l, à 10h, vous serez encore au-dessus des 0,5 g/l.
Voyons pourquoi.
L’alcool et le corps.
L’alcool – ou plus exactement l’alcool éthylique ou éthanol, C2H5OH pour les chimistes - est un liquide transparent et incolore, présent en quantité variable dans la bière, le vin et les spiritueux. Le degré, obligatoirement indiqué sur les bouteilles, exprime la quantité d’alcool par litre. Ainsi, une bière à 5° contient 5% d’alcool pur, soit 5 centilitres par litre.
Après absorption, l’alcool transite par l’œsophage et l’estomac. N’étant pas digérée, la plus grande partie file directement dans l’intestin grêle, plus ou moins vite selon qu’on soit à jeun ou pas. De là, l’alcool est intégré dans la circulation sanguine générale. Le foie commence alors à le traiter en le transformant en eau et en gaz carbonique. Mais comme il lui faut près de deux heures pour dégrader l’alcool contenu dans un verre standard, le reste de l’éthanol poursuit son chemin dans les veines et les artères. Il transite par le cœur, qui l’envoie vers les poumons où le sang est oxygéné. De là, une partie de l’alcool est expirée, d’où la pertinence des mesures de l’haleine pour déterminer l’alcoolémie d’un sujet.
Pendant que le foie poursuit son travail et que les poumons évacuent un peu d’alcool dans l’air, le reste voyage dans tout le corps et se fixe là où il peut. L’éthanol est soluble dans l’eau et les lipides. Par ailleurs, la membrane des neurones est constituée d’une plus grande quantité de corps lipidiques que les autres cellules. C’est pourquoi l’éthanol va se fixer sur ces membranes, provoquer leur déformation – fluidisation en terme scientifique - et agir sur le système nerveux central avec toutes les conséquences évoquées plus haut.
Tant que la quantité d’alcool ingurgité sera supérieure à celle que le foie peut traiter, le sujet sera en état alcoolique. Et sachez que si l’on boit vraiment beaucoup, on risque sa vie, même sans conduire. Le coma éthylique, qui survient entre 2 et 4 g/l selon le sujet, est malheureusement de plus en plus fréquent chez les jeunes. Et l’on peut en mourir : la dose létale d’alcool varie entre 4 et 8 g/l.
Les bons réflexes.
Le meilleur demeure de boire raisonnablement et pas du tout avant de conduire. Une fois cette évidence écrite, voyons ce qu’on peut faire. Lorsqu’on part en soirée (l’alcool au volant n’est pas l’apanage des jeunes, mais touche énormément cette population), la bonne idée est de désigner un Capitaine de Soirée qui restera sobre et ramènera tout le monde après la fête. De nombreuses discothèques adhèrent à ce projet – il en va de la survie de leur clientèle et par là même de la leur - et proposent de nombreux avantages (entrée et boissons sans alcool gratuites) au Capitaine, qui est souvent une Capitaine. Même si cette initiative, lancée par nos amis de l’association Prévention Routière, est d’abord destinée aux jeunes, rien n’empêche – au contraire – les adultes « responsables » de les imiter lors des dîners arrosés aux grands Bordeaux.
En cas d’alcoolémie manifeste, il est vivement conseillé d’utiliser les transports en commun (lorsqu’ils existent), d’appeler un taxi, ou de dormir sur place. Cette consigne s’applique également aux passagers qui doivent refuser de monter dans une voiture pilotée par une personne ivre.
En l’absence de Capitaine désigné, le conducteur aura tout intérêt à se tester grâce à un alcooltest astucieusement glissé dans la boîte à gant. Si le test est positif, il faudra mieux attendre quelques heures avant de prendre le volant ou chercher une alternative. C’est un peu contraignant, mais nettement moins que si un gendarme vous impose de souffler, ou si l’on pratique une autopsie sur votre cadavre.
Test alcooltests.
Outre l’autopsie et les tests salivaires pratiqués dans certains pays, il existe 2 manières de contrôler l’alcoolémie : par une prise de sang qui donne le résultat direct grâce à une règle de 3, ou par l’air expiré, qui nécessite une conversion pour obtenir le taux d’alcool ; elle est souvent effectuée directement par les appareils de mesure. Pour info : 0,1 mg/litre d’air expiré équivaut à 0,2 g/l de sang.
Les forces de l’ordre disposent de trois types d’appareil. Le plus célèbre est l’alcootest chimique, le fameux ballon qui laisse passer l’air par des cristaux jaunes. S’ils tournent au vert, c’est que vous avez trop bu. La police vous imposera alors une prise de sang ou de souffler dans l’éthylomètre, un outil très sophistiqué, pour déterminer le degré d’alcoolémie et sévir en conséquence.
Si l’utilisation de ce dernier appareil demeure réservée aux forces de l’ordre, on trouve dans le commerce des alcooltest chimiques (de 1 à 2 € en pharmacies et grandes surfaces) pour un usage unique. Nous vous recommandons la marque Contralco, fournisseur de la Police Nationale. Sachez toutefois que la chaleur, la lumière ou la prise de tabac faussent les ballons. S’ils traînent tout l’été sur la plage arrière, ils seront bons à jeter.
Pour 80 ou 100 euros, vous pourrez vous offrir un éthylotest électronique assez performant et réutilisable sans entretien quelques centaines de fois. Attention, tous les modèles ne sont pas homologués (notamment ceux qui donnent le taux effectif et que la loi ne reconnaît pas pour éviter l’effet pervers de la course au meilleur taux) mais tous fonctionnent correctement. Mais attention encore : les mesures données par ces appareils n’engagent personne. Ainsi si votre éthylotest vous déclare apte à prendre le volant et que, une demi-heure plus tard, les gendarmes vous contrôlent positif, vous n’aurez aucun recours. Prudence donc.
Pour finir ce paragraphe marchand sur une note culturelle, sachez que le Breathalyser, ancêtre de tous les alcootests, fut inventé en 1958 par Robert Borkenstein, Docteur à l’Université d’Indiana aux USA.
Les mesures pour mesurer l’alcool.
Grande cause nationale oblige, le Gouvernement a mis en place une panoplie de mesures pour nous aider à modérer notre consommation au volant. Ainsi, la vente d’alcool est strictement interdite aux mineurs, mais aussi dans les stations-service la nuit... Les cafetiers commencent à s’équiper d’un éthylotest mis à disposition de leurs clients noctambules. Ne leur en déplaise, l’installation d’éthylotests dans les bars de nuit a été essayée avec succès dans 350 établissements de l’Ouest de la France.
Autre nouveauté : l’éthylotest anti-démarrage. Le principe est simple : le démarrage du véhicule n’est possible qu’après que le chauffeur ait soufflé dans l’appareil et que le résultat soit négatif. Proposé par Dominique Bussereau, Secrétaire d’Etat aux transports, cet anti-démarrage est obligatoire pour tous les autocars transportant des enfants depuis le 1er janvier 2010 et sera étendu à tous les véhicules de transport en commun au 1er septembre 2015.
L’idée traîne aussi d’équiper les camions - avec les risques de fraude en faisant souffler quelqu’un de sobre avant de démarrer - et les voitures particulières de ce système. Volvo, toujours à la pointe en matière de sécurité, propose cette option sur ses camions et certains modèles de voitures, et Renault lui a emboîté le pas. Moyennant un petit 150 €, on peut avoir l’éthylotest anti-démarrage sur sa Laguna. Mais, connaissant le public français, il n’est pas certain que cette option intelligente soit très prisée…
Et pour insister, ce tableau vous rappelle les sanctions.
Source : Sécurité Routière