La route Zérotracas
18 juillet 2011
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Senior Conduire quand l’âge avance.

Qu'est-ce qu'un senior ? Ce terme, qui vient du latin « plus âgé », est bien difficile à définir. Un sportif devient senior dès qu'il n'est plus junior, alors que dans le monde du travail, un senior est un collaborateur expérimenté. Si la société considère qu'un senior a plus de 50 ans, sur la route, on peut aller jusqu'à 60 ou 65 avant d'être classé dans cette catégorie. Évidemment, et même si les capacités cognitives et physiologiques diminuent dès 45 ans, nous ne sommes pas égaux devant le vieillissement. De nos jours, on peut encore être en pleine forme à 75 ans, ou avoir perdu beaucoup de ses moyens à 55.

Le monde est injuste, mais il convient, à tout âge, et surtout à partir de la « mi-vie », de surveiller sa vue, son audition et sa santé en général avant de prendre la route. Et, pour sa sécurité et celle des autres, de vérifier que l'on connait toujours les règles de la circulation.

 

L'âge de la raison.

Les sexagénaires et plus, enfants du baby boom, représentent aujourd'hui 22% (environ) de la population française. Avec l'augmentation de l'espérance de vie, les démographes estiment qu'en 2050, un français sur 3 aura plus de 60 ans, dont la moitié plus de 75. Ce vieillissement de la population - avec un âge médian qui va passer de 37,6 à 45,2 ans - est commun à toutes les nations développées. Et ne va sans poser des problèmes, bien qu'il existe au sein de cette classe d'âge de grandes disparités, dans le niveau de vie, comme dans l'état de santé. Et donc sur la route. Pour cette tranche de la population, qui vit souvent à la campagne, la voiture demeure un outil indispensable. 8 millions de titulaires du permis de conduire ont plus de 65 ans. Ils seront plus de 12 millions d’ici 2050. Hormis les minoritaires seniors de centre-ville, les sexa et plus font un usage souvent quotidien de leur véhicule. Et contrairement à d'autres pays européens, rien ne les oblige en France à contrôler leur état de santé ou leur connaissance du code de la route. Et, pour les proches parfois inquiets, il est très difficile d'interdire à papy, courbé par les rhumatismes, aveuglé par le glaucome, ou sujet aux pertes de mémoire, de prendre le volant. Une décision que seul le préfet peut ordonner. On se doute que les constructeurs automobiles ne plaident pas une quelconque restriction : ils vendent un tiers de leur véhicules neufs aux seniors. Quant aux pouvoirs publics, ils se sont perdus en conjoncture et n'ont pas réussi à faire appliquer une loi pour vérifier l'état des conducteurs âgés. Il appartient donc à chacun d'entre nous de faire preuve de raison et de renoncer à la voiture dès lors que l'on ne s'en sent plus capable. Pas facile.



L'accidentologie spécifique.

Les plus de 65 ans, soit 16% de la population, représente un peu moins de 20% des tués en voiture, mais un tiers des cyclistes et près de la moitié des piétons morts sur la route. Cela s'explique par leur déplacement plus lent, par leur plus faible réactivité, par leur vue souvent défaillante, et leur constitution fragilisée : sur un même choc qui blesserait une personne de 20 ans, quelqu'un de 75 ans peut perdre la vie. En voiture, les seniors sont aussi responsables de 35% des accidents. Ce chiffre considérable est toutefois à mettre en regard de la moindre gravité des collisions qu'ils provoquent. Du fait de leur respect des règles (vitesse, alcool), elles n'occasionnent dans la plupart des cas que des dégâts matériels.
Les études ont permis de mettre en avant que les accidents imputables aux seniors étaient majoritairement le fait d'une mauvaise appréciation d'une situation délicate : entrée sur une voie rapide, passage de rond point, échangeurs complexes, et les fameux « tourne à gauche ». Dans ces cas de figure, une personne âgée, peu sûre de ses réflexes, hésitante, peut être prise de panique et faire les mauvais choix : ralentir plutôt que d'accélérer, mal se positionner, oublier de regarder derrière...
Autre cause d'accident chez les seniors : la méconnaissance des nouvelles règles de circulation. La faute à cette fameuse formation continue à la route qui peine à se mettre en place. Depuis 40, voire 60 ans qu'ils ont passé le permis, les règles ont bien changé. Et une infime minorité a eu le courage de se replonger dans les délices du code de la route.

Un corps sain.

Conduire paraît à certains tellement naturel qu'ils en oublient la complexité. Piloter une voiture nécessite pourtant une excellente vue (90 % des informations sont visuelles), une bonne coordination, des réflexes rapides, de la souplesse corporelle (afin de pouvoir tourner la tête), de la concentration... Bref, d'être en forme et en bonne santé. La majorité des seniors voit leur médecin plus fréquemment que le reste de la population. Ils surveillent donc leur état de santé général et, sauf contre-indication médicale majeure ou pépin grave (infarctus, AVC...), peuvent conduire sans plus de risques que n'importe qui.
Il est rare que, passée 45 ans, on ne porte pas de lunettes de presbyte pour voir de près. Mais, avec l'âge, toute la vision se dégrade : le champ de vision se rétrécit et, pour voir aussi bien qu'à 20 ans, il faut 4 fois plus de lumière à 65 ans. On estime qu'un automobiliste sur 3 voit mal ; ne soyez pas dans ce mauvais tiers et faites donc contrôler votre vue régulièrement (tous les 2 ans au moins, surtout si vous pensez voir très bien).
On ne vous cachera pas que rien ne s'arrange avec les années. Comme la vue, l'ouïe chute librement passé 65 ans, où 30% des personnes auraient besoin d'une correction auditive. Même s'il n'existe aucune restriction de conduite pour les personnes malentendantes, il est certain que percevoir les coups de klaxon de la voiture à laquelle on a refusé la priorité peut avoir une utilité.
Les seniors, c'est connu, sont des grands consommateurs de médicaments. Dont certains peuvent engendrer des risques de somnolence important. Un pictogramme en triangle (jaune, orange ou rouge, selon le risque) signale leurs éventuelles propriétés soporifiques.
A propos de dormir, et sans même parler de l'alcool, strictement à proscrire, une mauvaise alimentation (trop de sucre par exemple) facilite la somnolence après le repas.

Un esprit sain.

Avant de prendre la route, il faut vérifier ses connaissances. De nombreux tests en ligne permettent de le faire en s'amusant, et il est important de s'informer des nouveaux panneaux et des nouvelles règles de circulation. Notamment celui de Zérotracas.com que vous trouverez ICI.
Nous l'avons dit plus haut, certaines situations délicates peuvent poser problème aux seniors. Les « tourne à gauche », ces voies au centre de la chaussée réservées aux véhicules souhaitant tourner à gauche (on s'en serait douté), sont particulièrement accidentogènes. Obnubilé par les voitures venant en face, on peut oublier de regarder derrière, et couper la route au motard imprudent qui remonte les files. A tout âge, pensons donc bien au clignotant (ne pas le mettre coûte 35 € et 3 points), laissons un pied sur le frein pour allumer les feux stop et faire savoir que l'on est arrêté, et regardons dans le rétro avant de s'engager. Autre point sensible, le giratoire, sur lequel, sauf exception, vous n'avez pas la priorité. L'utilisation du clignotant est là encore nécessaire, pour annoncer sa sortie (ne pas le mettre trop tôt). Et trop content d'avoir quitter ce manège infernal, restez prudent : un passage piéton est généralement placé en sortie.
Pour d'autres difficultés, comme les échangeurs, n'hésitez pas à demander à une personne plus jeune de vous y conduire pour repérer les lieux. Si ce n'est pas possible, sollicitez vos passagers pour vérifier que les voies sont libres. Et si vous êtes tout seul, allez-y. Vous en êtes capable, tout en restant prudent, mais décidé.
Impossible d'énumérer ici tous les moments délicats de la circulation. Mais si vous vous sentez un peu juste, offrez vous quelques heures dans une auto-école pour vous mettre à niveau. Sans la pression de l'examen, vous apprendrez plein de choses et gagnerez en confiance pour une somme finalement raisonnable. Et, comme nous, après avoir suivi ces quelques leçons, vous pourriez même regretter que ces formations post-permis ne soient pas réglementées et obligatoires.

S'adapter ou s'arrêter.

S'adapter, c'est d'abord surveiller sa santé et se maintenir en forme le plus longtemps possible, en évitant les excès et en pratiquant une activité physique. S'adapter, c'est aussi choisir une voiture qui facilite la vie : boîte automatique, surface vitrée importante, limitateur de vitesse... Les options et assistances électroniques que développent les constructeurs peuvent apporter un plus à la conduite ; à condition que le concessionnaire prenne le temps de vous en expliquer le fonctionnement et les subtilités.
S'adapter, c'est évidemment connaître les nouvelles règles (usage du téléphone interdit, ceinture obligatoire pour tout le monde) et les nouveaux panneaux.
S'adapter, c'est encore, se connaître et se préparer. Evitez de conduire aux heures de pointe, après avoir manger ou la nuit. Planifier son itinéraire, ne pas conduire en dette de sommeil, ou très stressé, et s'arrêter souvent pour se détendre lors d'un long voyage.
S'adapter, c'est enfin pratiquer la route et ne pas tomber dans la routine. Les conducteurs réguliers ont, proportionnellement, moins d'accidents que les occasionnels et la plupart des accidents a lieu sur des trajets connus où l'on roule « sans y penser ». Donc, tant que vous le pouvez, roulez régulièrement, et en variant vos itinéraires. Ne pas s'endormir sur ses lauriers et découvrir de nouvelles choses, c'est rester jeune.

Toutefois, viendra inexorablement un moment où « ça ne sera plus possible ». L'abandon de la voiture est un cap délicat, douloureux. Il faut l'affronter avec courage. Ne pas être sourd (même si l'on a un problème d'audition) aux craintes, ou aux petites remarques de l'entourage.
En cas de doute (ou même avant), prenez rendez-vous avec votre médecin et écoutez ses conseils. Vous pouvez aussi rencontrer la Commission médicale des permis de conduire (en sous-préfecture, c'est elle qui convoque les personnes ayant subi un retrait) et demander un avis consultatif. Sachez toutefois que si, malgré une tonne d'avis négatifs, vous persistiez à conduire, un proche pourrait vous faire convoquer devant cette commission. La délation, ce n'est pas beau, mais parfois, c'est une question de vie ou de mort. Alors, avant que le Préfet ne déchire votre papier rose, prenez l'initiative de renoncer vous même si vous n'en êtes plus capable. Il y a bien d'autres plaisirs dans la vie que de tuer quelqu'un avec sa voiture. Et bien d'autres solutions pour se déplacer : les transports collectifs (bus, métro, tramway, train...) ou la voiture mais avec chauffeur (taxi, proches...) !.



 

 



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