Tout compris (achat, carburant, entretien, assurance, stationnement), une voiture coûte, en moyenne, 400 € par mois. Et, toujours en moyenne, elle ne roule que 8% du temps. Forte de ces chiffres, la question de l’achat d’une voiture se pose, du moins pour les citadins. Beaucoup d’entre eux y ont renoncé – la moitié des Parisiens n’en possède pas – et ont opté pour les transports en commun ou le deux-roues, motorisé ou non. Mais, lorsqu’on part en week-end en famille, en soirée en banlieue ou pour trimbaler des meubles, il faut louer une voiture. Ça tombe bien, il existe aujourd’hui de multiples façons de le faire ; il suffit de trouver la bonne.
La location classique : pratique.
Quelques grands réseaux – Avis, Hertz, Budget, Ada… - se partagent l’essentiel du marché de la location classique, à la journée, la semaine ou au mois. Ils sont un peu chahutés par d’autres entreprises plus petites qui annoncent parfois des prix intéressants, pas toujours en rapport avec la facture finale. Nous y reviendrons.
Quoi qu’il en soit, louer une voiture est votre solution si vous vivez en ville et ne roulez qu’occasionnellement. Vous pourrez moduler votre véhicule en fonction de vos besoins : coupé pour le week-end en amoureux, monospace pour les vacances en famille, utilitaire pour un déménagement.
Pour une petite voiture, comptez 40 ou 50 € par jour environ, plus le carburant, sachant que les tarifs sont dégressifs sur la durée et peuvent varier en fonction du moment de la location. On voit souvent passer des publicités annonçant des prix bien en deçà de cette somme. Mais attention ! Ils peuvent cacher des méthodes pas très catholiques, comme la facturation d’une rayure sur le pare-choc pour 250 €. Soyez très vigilant au moment de prendre la voiture et faites noter la moindre égratignure. Non sans avoir pensé à remettre le carburant au niveau initial, refaites-en le tour à l’arrivée, sauf si c’est en dehors des heures d’ouverture et que vous jetez la clé dans une boîte aux lettres. Dans ce cas, espérez avoir choisi le bon loueur. Pensez aussi aux assurances, facultatives certes, mais que vous regretterez de ne pas avoir prises en cas de pépin. D’autant que les recours sont longs et fastidieux, une fois que votre carte bancaire – obligatoire pour louer – aura été ponctionnée, à tort ou à raison.
Pas de parano toutefois : les loueurs sont bien sûr dans l’ensemble honnêtes. L’ancienneté du réseau, sa réputation, et éventuellement un abonnement si on loue régulièrement, sont des éléments rassurants.
Dernier conseil : si vous êtes salarié, votre comité d’entreprise peut avoir négocier de bons tarifs dans un réseau.
La Location avec Option d’Achat : confortable et chère.
Ce LOA, leasing en bon français, intéresse surtout les entreprises qui peuvent bénéficier d’avantages fiscaux et entrer dans leur amortissement le coût de la voiture sans avoir à avancer la somme. Toutefois, pour un particulier, gros rouleur, c’est une solution confortable… Si ses revenus le sont aussi ! À la différence d’un crédit classique, contracté à la banque ou chez le concessionnaire, la LOA consiste à louer une voiture à un organisme financier qui en a fait l’acquisition pour vous. Après un dépôt de garanti (15% maximum du prix neuf), on paie mensuellement un loyer assez élevé (3-400 € pour une petite voiture) tout compris, sauf assurance, carburant et pneumatiques. À l’issue des 2 à 5 ans que dure le prêt, soit on garde la voiture en payant le reliquat, soit on la rend et l’on prend un nouveau crédit pour en acheter une nouvelle. Dans ce dernier cas, le loueur peut garder votre dépôt de garanti pour remettre le véhicule en état.
Quel que soit votre choix, la LOA est une option coûteuse. Elle convient donc aux personnes aisées, qui veulent changer de voiture régulièrement en s’épargnant tous les soucis.
Dans le même registre, on peut également signaler la Location Longue Durée (LLD), proposée par les organismes financiers de certains constructeurs, comme DIAC pour Renault. Le principe est le même que la LOA, sauf qu’il n’y a pas d’achat possible à la fin du contrat de location. De fait, ce système ne concerne quasi que les entreprises.
L’autopartage, la voiture en commun.
Si les deux premières solutions sont anciennes et connues, l’autopartage est une innovation dans l’approche de la voiture, proposant, en ville surtout, une véritable alternative. Ce concept de voiture en multipropriété fut inventé en Suisse dans l’immédiat après-guerre. Un temps oublié, il refit surface aux Etats-Unis, puis en Europe du Nord dans les années 80. L’autopartage existe aujourd’hui dans près de 450 villes européennes et séduit 250 000 personnes, dont seulement 3500 en France. Mais le nombre de convaincus progresse. L’autopartage est arrivé à Strasbourg en 1998, via Auto’Trement, et à Paris, avec la création de Caisse Commune. Initiative d’abord associative, cette société est aujourd’hui soutenue par beaucoup de monde, dont la Mairie de Paris, la RATP et l’ADEME, agence de la maîtrise de l’énergie. D’autres entreprises ont emboîté la roue de ce pionnier, membre du réseau France Autopartage qui fédère des initiatives similaires dans une dizaine de grandes villes (voir liens). Ainsi, le Parisien peut choisir entre Caisse Commune, Mobizen, adossé à Véolia Transports, ou Okigo, créé par Vinci et Avis.
Avec des variantes sur l’abonnement, le coût horaire et la facturation, ces trois « concurrents » fonctionnent (presque) sur le même principe. On s’inscrit (en payant ou non une cotisation : Mobizen ne demande pas d’abonnement), on réserve une voiture (jusqu’à 5 minutes avant), et on en prend possession dans le lieu de parking le plus proche, grâce à une carte, un code, ou les deux. Le client peut garder la voiture une heure, une soirée, ou un week-end, et paye en fonction du temps d’utilisation et du kilométrage parcouru. Tous les frais (carburant, assurance…) sont inclus dans le tarif, que l’on règle mensuellement.
L’autopartage est la solution idéale pour les citadins qui n’ont qu’un besoin ponctuel de voiture. Pour une durée supérieure à un ou deux jours, mieux vaut se tourner vers les loueurs classiques. On estime qu’une voiture partagée remplace une dizaine de véhicules dans les rues. Tout le monde y gagne ! Et pour vous donner une idée de coût de l’autopartage, une heure dans une Mercedes Classe A de Mobizen coûte 9 € ; une soirée chez des copains en banlieue en Clio siglée Caisse-Commune, 20 € environ. Au final, la facture mensuelle moyenne pour une utilisation confortable tourne autour de 200 €. Moitié moins que pour les propriétaires !
Même s’il faut ajouter l’éventuel abonnement et une somme forfaitaire pour la réservation, le système reste très intéressant, et évite tous les ennuis que les possesseurs de voiture connaissent bien… Sauf les contraventions, qu’il faut payer, ainsi que les accidents responsables et le vol, où une franchise sera réclamée. Seul défaut de tous les autopartageurs, il faut absolument rendre la voiture où on l’a prise. Cela dit, Okigo, fort de ses liens avec Vinci, roi du parking parisien, réfléchit à donner de la liberté pour abandonner sa voiture.
Comme les loueurs classiques, les sociétés d’autopartage exigent un âge minimum, deux ans de permis, et parfois que le conducteur n’ait pas été récemment sanctionné pour des infractions lourdes au code de la route.
L’autolib, l’avenir de Paris.
Dopée par le succès des Vélibs, la Mairie de Paris envisage très sérieusement de lancer l’Autolib. En 2010 (normalement), pas moins de 4000 voitures électriques en libre-service devraient pouvoir être empruntées dans 700 bornes réparties entre Paris et sa proche banlieue. Pour un coût mensuel estimé entre 200 et 250 €, les abonnés pourront parcourir librement 100 km par mois au volant des voiturettes, et combiner leurs déplacements avec les autres offres de transports publics : métro, bus, tram, vélib’… Ce projet ambitieux, dans tous les sens du terme, est en développement, mais pose bon nombre de problèmes. Entre autres, il faut libérer de l’espace pour installer les bornes, les alimenter en énergie pour recharger les batteries, et fabriquer les véhicules en grande série. La Blue Car de Bolloré, la Cleanova de Dassault sont en concurrence pour le pari industriel. La SNCF, qui joue sur la multimodalité, pourrait aussi entrer dans la course et proposer son véhicule électrique.
Ce nouveau mode de transport, qui existe déjà à petite échelle – 50 véhicules – à La Rochelle, pourrait révolutionner les déplacements à Paris, et sans aucun doute dans d’autres grandes villes. Il avance en tout cas dans le sens de l’histoire car, même si la voiture demeure statutaire pour nombre de Français, de plus de plus de gens ne l’envisagent que sous son angle utilitaire.
Le covoiturage, la solution économique.
L’écueil principal de tous les systèmes évoqués plus haut est leur coût. Né pendant les grandes grèves des transports, le covoiturage - forme contemporaine de l’auto-stop - surfe sur le prix de l’essence et le développement d’internet. De nombreux sites répertorient les offres et les demandes de covoiturage et permettent à des conducteurs de partager leur véhicule, ainsi que les frais de transport. Certaines grandes entreprises, conscientes de l’enjeu politico-écolo-économique et soucieuses de faciliter la vie de leurs salariés, développent le covoiturage à l’interne. Un bon coup de communication également, puisque si 2% des personnes avouent avoir déjà utiliser le covoiturage, 74 % se disent prêts à le faire (source Opinion Way).
Outre son côté pratique et économique, le covoiturage crée aussi du lien social. Il est donc promis à un brillant avenir, d’autant que les nouveaux systèmes de communication mobile, avec géolocalisation, devraient faciliter son développement. Grâce aux portables, conducteurs et passagers pourront improviser une rencontre et un trajet instantanément.
Plus spécifiquement, l’association « Voiture & Co » milite pour le covoiturage des jeunes en soirée, avec le louable souci de faire appliquer la règle d’or : « celui qui conduit, c’est celui qui ne boit pas ».
Conclusion.
Avec les taxis, les motos-taxis, les taxis scooters, plus les vélos et les transports en commun, les citadins disposent d’une offre pléthorique de moyen de déplacement. Mais, pour des raisons tarifaires, horaires ou pratiques, aucun ne pourra jamais remplacer totalement cette bonne vieille voiture. À elle donc d’évoluer techniquement grâce à l’électricité ou la pile à hydrogène, pour conserver sa place dans la ville. Tout ce qui est évoqué dans cet article laisse à penser que, d’un point de vue sociétale, elle est déjà en train de faire sa révolution. À nous, automobilistes, de savoir l’accompagner, dans la bonne direction : celle d’une voiture intelligente et adaptée à son usage qui ne sert plus une seule personne, mais une communauté humaine.