Comment bougera t-on demain ?
Le réchauffement climatique et l’après-pétrole qui s’annonce obligent les constructeurs et les pouvoir publics à réfléchir à notre future mobilité dans le cadre d’un développement durable. D’ailleurs, la fondation de Nicolas Hulot était partie prenante de la Fête, où l’on rappelait que les transports représentent 27% des émissions de CO2 en France (source CITEPA, 2004).
Nul doute que les véhicules de demain seront économes en énergie, et que nos déplacements, même les plus quotidiens, seront multimodaux et mixeront transport publics et transports privés. On prendra sa voiture pour attraper un train, puis on louera un vélo ou une voiture électrique en centre-ville.
Mais ce demain, c’était le mois dernier dans une grande tente installée sur les Champs-Elysées. Et, vu la fréquentation, nul doute qu’il vous intéresse.
Des trains, des avions, des fusées, des bateaux.
La SNCF présentait la rame TGV Est détentrice du record de vitesse sur rail, ainsi que son futur transilien, qu’on appelait autrefois train de banlieue. Construit par le Canadien Bombardier, cette voiture lumineuse et colorée prévoit des rangements pour les vélos. Une bonne idée.
Moins quotidien, l’Agence Spaciale Européenne (ESA) détaillait ses prochains programmes d’exploration de la galaxie. Toujours en l’air, de petits constructeurs aéronautiques exposaient un avion biplace consommant moins de 8 litres au 100 km, un ULM capable de se poser partout, ou, encore plus original, un drone civil humanitaire, le Téléporteur. Le Musée de l’Air et de l’Espace du Bourget (dont nous recommandons la visite) avait aussi apporté quelques pièces : hélicoptères, dirigeables et même une réplique à l’échelle 1/5 d’Ariane qui faisait joliment face à l’Obélisque de la Concorde.
Sur la Seine, les Voies Navigables de France prouvaient que le bateau est une alternative crédible au camion, tandis que la société Ecocéane présentait son Ecoglop, le plus petit de ses catamarans nettoyeurs des mers.
Et la route.
Même si Volvo avait emporté son éco-camion qui roule au diesel synthétique issu de la biomasse, l’essentiel des nouveautés concerne le déplacement urbain. Du côté des transports en commun, la RATP présentait son microbus pour la déserte des ruelles, et le STIF (Syndicat des Transports de l’Île-de-France), son véhicule équipée pour les personnes à mobilité réduite.
Plus modernes, les Cybercars, des voiturettes électriques automatiquement guidées par caméra, sont expérimentées à l’aéroport de Londres, ainsi qu’à Rome, Valence et Clermont-Ferrand. D’autres véhicules du même genre sont capables de suivre une ligne blanche au sol. La suite pour nos villes dans quelques années…
Au rayon des transports privés, c’est bien sûr l’électricité qui règne en maître. Sur une piste, on pouvait essayer VAE et e-solex (voir notre article sur le Salon du Cycle), tandis que sous la tente, étaient exposés d’autres vélos du futur : taxi Cyclobulle ou vélo-cargo. De nombreux visiteurs se sont aussi précipités sur le Segway, ce curieux 2-roues qui fait rouler les piétons en défiant la gravité.
Les 4 roues se mettent aussi à l’électrique avec le charmant roadster Zest, la monoplace City EL accessible dès 14 ans, ou le prototype du tricycle Scooto, hybride entre scooter et auto.
Dans un registre plus expérimental, la voiture solaire Bélénos, fabriquée par une école d’ingénieur clermontoise, gagna le rallye solaire Phébus 2007 grâce à ses 5,45 m2 de capteur qui la propulsent à 70 km/h. Mais celle-là, il va falloir attendre avant qu’on la croise dans nos centres-villes.
La sécurité routière au cœur du débat.
Si l’énergie occupait une large place, la FIA Foundation (Fondation de la Fédération Internationale de l’Automobile) sensibilisait le public à la sécurité routière dans le monde. Sur leur stand, on pouvait signer la pétition « Make Roads Safe » (Pour les Routes Sûres, parrainée en France par le footballeur Lilian Thuram). Son but : obtenir 1,2 million de signatures, autant que les morts de la route dans le monde ! Sans compter les 50 millions de blessés. 80% des victimes sont issues des pays défavorisés et la violence routière est la première cause de mortalité des 10-25 ans sur la planète, avec une forte proportion de piétons. Pire encore, ces chiffres vont exploser : on estime que le nombre de victimes devrait chuter de 28% dans les pays développés, mais bondir de 144% en Asie du Sud-Est.
Malgré ce bilan éloquent et le fait que la plupart des accidents soient prévisibles et évitables, les organisations mondiales sont un peu atones. Certes, il y eut une journée de la sécurité routière à l’ONU en 2004, mais le sujet n’a pas été retenu dans les objectifs du Millénaire. Pourtant, le route tue plus que le paludisme.
Lors de la conférence organisée par la FIA Foundation, Rita Cuypers, sa représentante en France a évoqué quelques actions possibles à mener auprès des usagers, des constructeurs et des gouvernements. Mais, rien que pour moderniser les infrastructures des pays les plus touchés, il faudrait un minimum de 300 millions de dollars sur 10 ans. Pour l’instant, seuls 4 sont prévus… Un long chemin reste donc à parcourir, et nous reviendrons prochainement dans un article plus fourni sur ce passionnant sujet.