Des machines au point.
Les motos de 2007 sont des bêtes. Cadre et suspension assurant une tenue de route exemplaire, freins hyper puissants, parfois dotés de l’ABS, pneumatiques performants : tout est fait pour que la sécurité active soit optimale. Les seules limites de ces motos modernes, ce sont toujours les pilotes, les autres usagers, et parfois des infrastructures routières mal adaptées. Après le choc, la moto pêche par essence sur la sécurité passive. Un carénage n’est pas une carrosserie.
Alors voyons comment mettre le plus de chances de votre côté pour vous relever à peu près vivant après la chute.
Protéger la tête.
Le casque muni de bandes réfléchissantes est la base de l’équipement du motard. C’est d’ailleurs le seul qui soit obligatoire : 90 € et 3 points de moins si vous avez la bêtise de rouler sans... ou que vous ne l’attachez pas ! À partir du moment où ils sont homologués (vérifiez qu’ils possèdent bien l’étiquette E2, pour Europe et France, et un numéro d’homologation), tous les casques se valent… et ne valent pas grand chose si on tape à grande vitesse. La tête sera peut-être épargnée, mais le reste du corps (vertèbres, cage thoracique, membres…) risque d’être réduit en purée. Alors pourquoi, nous direz-vous, de telles différences de prix entre les casques (de 80 à 500 € et plus) ? Principalement à cause du confort : poids, look, enveloppement, garniture lavable, niveau de bruit, visière, qualité des mousses, aération…
Petit rappel : un casque « jet » ne protège pas le menton ni la mâchoire. Plus léger qu’un « intégral », qui peut gêner la vision latérale, il ne doit pas buter sur les cervicales lorsque la tête est rejetée en arrière.
Autre rappel : n’achetez JAMAIS un casque d’occasion ! D’abord parce qu’il faut renouveler un casque tous les 5 ou 6 ans et surtout parce que lors d’un choc, le polystyrène qui amortit la tête se déforme. C’est pourquoi il faut changer votre casque dès qu’il a tapé et ne pas faire confiance à ceux qu’on trouve à 10 € dans les vide-greniers.
Du nouveau pour votre crâne.
Globalement, les casques sont au point, prêts à résister à des chocs à grande vitesse. Peu de révolution donc sur les composants, mais quelques améliorations. La plus spectaculaire est l’œuvre de Reevu avec son MXS1, muni d’un rétroviseur ! Au-dessus de la visière de cet intégral, un miroir permet, par un jeu de prismes intégré dans la calotte, de voir au travers de la visière arrière. L’idée est amusante, mais nécessite d’avoir toujours le bon axe de vision.
Les constructeurs font aussi de gros efforts pour que vos têtes restent au frais. Signalons la gamme « Air » de chez Airoh, des casques hyper ventilés, ou, plus techno, le X-70 de Nolan, dont la calotte est en Unitherm Light, une nouvelle matière sensée réguler la température. Nous citons ces deux-là, mais tous les grands fabricants (Arai, Shoei, AGV…) ont leur petites exclusivités pour vendre leurs calottes.
Il est primordial d’essayer votre futur achat, de vous assurer qu’il ne bouge pas quand vous secouez la tête (n’hésitez pas à le choisir un peu serré) et que, si vous portez des lunettes, elles ne vous ferons pas mal sous le casque.
Pour finir sur une note amusante et gadget, rendez-vous sur le site de Schuberth, célèbre casquier allemand, qui propose de tester en ligne le niveau sonore de ses produits munis de l’anti noise technology. Sans doute efficace, mais pas probant devant un écran d’ordinateur !
Appelez les renforts, et ne manquez pas d’air !
Nous n’avons pas vu au Mondial de grandes nouveautés pour protéger vos mimines et vos petons, tout plein de tout petits os très fragiles et très difficiles à réparer. Ne manquons toutefois pas de répéter que le port de gants (en cuir et renforcés) est indispensable, tout comme celui de chaussures fermées, bien lacées (les lacets peuvent se prendre dans les commandes) et, idéalement, montantes avec des renforts aux tibias et aux chevilles.
En cas d’accident, la meilleure protection de l’automobiliste demeure la ceinture et l’air bag. Hormis pour le C1 de BMW (qui a arrêté la production de ce scooter révolutionnaire), la ceinture n’est pas très applicable à la moto. Mais les coussins d’air, oui ! Les « blousons de sécurité du 3ème millénaire » de Protairbag sont équipés d’une cartouche de gaz qui, en une fraction de seconde en cas d’éjection, gonfle des coussins qui protègent nuque, colonne et organes vitaux. Assez chers (autour de 500 €) mais diablement efficaces, ces équipements ont obtenu l’homologation européenne, gage de sécurité.
Plus marginal car réservé aux très haut de gamme, Honda a installé un air bag dans le guidon de ses énormes Gold Wing. L’idée semble bonne, mérite d’être développée… et surtout installée sur des motos plus abordables.
Si l’air bag vous laisse sceptique, sachez qu’il existe aujourd’hui des vestes « coquées », protégeant coudes, épaules et colonne, parfaitement discrètes et seyantes, même sur un costume. Plus d’excuse donc pour rouler en imperméable. Au pire, optez pour la simple carapace de colonne vertébrale qui se fixe sur les blousons. On vous rappelle que, en dessous de l’endroit où la colonne est touchée en cas de chute, plus rien de bouge.
Le jean qui déchire et ne se déchire pas.
La presse en a parlé, nous ne devions pas être en reste : l’une des vedettes du Mondial du 2 roues était un jean ! Outre l’impact de la chute, l’autre danger qui guète le motard est la brûlure au 2ème ou 3ème degré que provoque une longue glissade sur la chaussée. Le cuir était jusqu’alors la meilleure protection, mais pas les vêtements de pluie qui, sur le sec, fondent et aggravent les brûlures.
Un nouveau tissu issu de la recherche aérospaciale, l’Armalith, a donné l’idée à la marque Esquad de tisser des jeans. Légers, hyper résistants, élégants et à peine différent d’un modèle basique, les jeans Esquard, même soumis à d’impitoyables « torture tests », ne se déchirent pas et résistent deux fois mieux que le cuir à l’abrasion.
Un jean tendance en armatlith, un beau blouson coqué, un casque homologué et bien bouclé, des lunettes pour protéger les yeux, des gants et des chaussures adaptées : vous voilà prêt pour prendre la route. Ce qui, malheureusement, ne nous empêchera pas de voir chaque été, des téméraires en t-shirt, mains nus et en tong (si-si, en tong !), rouler sur des 1000cc3.
Conclusion : l’équipement et l’esprit.
Nous espérons vous avoir rappeler tout ce que vous savez déjà sur l’équipement. Et n’oubliez pas que la moto est aussi un état d’esprit. Mais un état d’esprit qui évolue vers plus de sécurité. L’homme à la moto que chantait Edith Piaf est mort ou en voie de disparition. D’ailleurs, de nouveaux sites font leur apparition dans la constellation des médias destinés aux motards modernes. Citons www.motozen.com ou www.casimfrance.free.fr, sites associatifs qui insistent sur la responsabilisation des pilotes. Du côté de la Sécurité Routière aussi on a développé des campagnes de sensibilisation comme www.restez-motard-a-moto.fr, ou www.le-détail-qui-tue.fr, site destiné plutôt aux parents pour les aider à comprendre leurs enfants cyclomotoristes et prévenir les dérives (débridage des moteurs, conduite à risque…).
L’esprit motard, ce n’est plus seulement de se saluer lorsque l’on se croise. C’est d’abord de s’équiper et de conduire prudemment : un bon motard est un motard vivant.