La route Zérotracas
31 mars 2009
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Fumer ou conduire...

La consommation, la culture et, a fortiori, la vente de cannabis sont totalement interdites en France. Pourtant, qu’on appelle ça de la marijuana, du shit ou de la bédave, la fumette est largement répandue. Elle touche tous les milieux et près d’un jeune (16-24 ans) sur deux a déjà fumé un joint. Par ailleurs, presque tous les jeunes conduisent, à 2 ou 4 roues.

Statistiquement, il est donc certain qu’une frange de cette population, naturellement encline à tester ses limites, marie joint et volant. Souvent sans avoir conscience que la limite sur la route, ce peut être un mur, qu’on heurte encore plus violemment avec quelques bières de plus.

Une étude sur le cannabis au volant, menée en septembre 2003 par Gatard et Associés pour la Prévention Routière, offre à Zérotracas.com l’occasion de donner un peu d’information et de rappeler quelques évidences : « si j’ai fumé ou si j’ai bu, ou les deux, je ne conduis pas !
La consommation de cannabis est interdite et réprimée en France. Néanmoins, on estime que 5 millions de Français consomment plus ou moins régulièrement du cannabis. Parmi eux, beaucoup de jeunes, souvent initiés dès 13 ou 14 ans.

Les 18-24 ans forment donc le gros du bataillon des fumeurs, avec des conséquences non négligeables sur la conduite d’un véhicule ! Un tiers de ces consommateurs fume quotidiennement, et la même proportion plus de 10 joints par jour !

Mais plus de la moitié des jeunes fumeurs (comme pour les buveurs d’alcool) n’a pas conscience des dangers de la route sous l’effet du produit. Seul un petit quart de cette population s’interdit de conduire après un écart. Pourtant, 42% des consommateurs mélangent cannabis et alcool, le premier décuplant les effets du second, et réciproquement.

Le législateur a tranché : il n’emprisonne plus systématiquement le fumeur domestique ; en revanche, il retire les 6 points du permis probatoire au jeune conducteur qui a fumé un joint. Cette disposition, comme l’ensemble de la nouvelle loi sur la violence routière de juin 2003, reste assez méconnue de l’ensemble de la population et notamment de certains fumeurs, qui perçoivent encore le cannabis comme un produit assez anodin. Pourtant, s’il en était ainsi, il s’en fumerait sans doute moins !


Les effets sur le fumeur

Les effets sont variables selon le consommateur et le produit, mais la tendance générale est à la détente. Psychiquement, le cannabis provoque une légère euphorie et un sentiment d’apaisement qui entraînent une distorsion sensorielle et une « viscosité mentale ». Il perturbe ainsi la perception spatio-temporelle, la mémoire immédiate et la concentration. Physiquement, le cannabis augmente le rythme cardiaque (palpitations), fait gonfler les vaisseaux (yeux rouges), diminue la salivation (bouche sèche) et peut provoquer des nausées.

Il en résulte que le fumeur éprouve des difficultés à anticiper et que ses réflexes sont ralentis. Sa vision est troublée, particulièrement la nuit, et son activité mentale focalisée sur un seul objet, reléguant ses autres gestes au niveau du réflexe.

Autant de petites choses qui rendent incompatibles cannabis et conduite.


Joint et volant

Cool, détendu et peu agressif, le fumeur-conducteur a le sentiment de respecter les limitations de vitesse. Malgré les effets évoqués plus haut et d’ailleurs recherchés par les consommateurs, deux tiers d’entre eux pensent  que le cannabis n’altère pas les capacités à conduire un véhicule. Pourtant, certains reconnaissent qu’une fois arrivés à bon port, ils n’ont pas le moindre souvenir du trajet effectué ! D’autres évoquent le plaisir de la conduite sous cannabis comme une activité ludique (un jeu vidéo, un grand voyage, du coloriage, etc.), bien éloignée de la réalité de la route.

Evidemment, c’est dans la consommation festive de cannabis que  réside le plus grand danger, puisqu’elle est souvent accompagnée d’alcool. Ce mélange détonant exacerbe les effets de l’alcool : perte de contrôle, sentiment de puissance et aucune notion de limite.

Heureusement l’opération « Capitaine de soirée » (« Celui qui conduit ne boit pas ») semble bien acquise auprès des jeunes et intègre aussi un engagement du jeune à ne pas fumer.


Ça s’est vu quand t’as fumé ?

Il est vrai qu’il n’existe (pour l’instant) pas de « cannabotest ». D’où le sentiment d’impunité relative des fumeurs. Pourtant, grâce à des analyses plus sophistiquées, il est très simple de les démasquer. Les traces de cannabis (comme celles de toutes les drogues) ne persistent que quelques heures dans le sang, mais 3 semaines dans les urines et plus de 6 mois dans les cheveux !

En cas d’accident mortel, une analyse d’urine sera systématiquement effectuée. Mais les forces de l’ordre la demanderont également en cas d’accident corporel avec suspicion, ou n’importe quand en cas de doute… Avec de lourdes conséquences codifiées dans la nouvelle loi sur la violence routière de 2003 : 2 ans de prison et 4500 € d’amende pour conduite sous stupéfiant ; peine passant à 3 ans et 9000 € d’amende s’il y a de l’alcool en plus. De quoi exploser le budget d’un lycéen… et de ses parents ! S’ajoute à ces sanctions la perte de la totalité des points du permis probatoire, dont la mise en place sera effective en avril 2004. Et n’imaginez pas qu’un refus vous sauvera : vous serez alors considéré comme positif, et avec les même conséquences.

Conclusion : comme pour l’alcool.

Pour ce qui est du joint au volant, la conclusion s’impose : si on a fumé du cannabis, il est impératif d’attendre que ses effets disparaissent complètement avant de prendre la route.

Pourtant, comme pour l’alcool, la plupart des conducteurs pensent qu’ils maîtrisent  complètement le produit : c’est évidemment faux dans les deux cas. Il y a un gouffre entre le sentiment qu’on éprouve et le danger objectif. Alors, pour l’un comme pour l’autre, tolérance zéro au volant.
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